Maître de l’ouvrage : Syndicat UNIA
Lieu : Neuchâtel
Projet et réalisation : 2019-2023
SPBU : 3’600 m2
Volume : 16’000 m3
Le quartier où se trouve cet ensemble naît de l’exigence de donner résidence à toute une population d’ouvriers attirés par la présence de l’usine FAVAG (1929) et de son réseau d’ateliers. Dans les années 40 la société coopérative de la FOMH construit 3 bâtiments pour 24 appartements au total, continuant le lotissement et l’urbanisation des pentes de la colline. Leur vétusté a induit le MO à opter pour une démolition et reconstruction confortée par l’opportunité d’une importante densification. Les 1’400 m2 de surface d’appartements sont devenues 2’800 m2 pour 33 appartements avec une augmentation de 100%. En toute cohérence avec le principe d’urbanisation vers l’intérieur promue par la révision de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire.
Les trois nouveaux bâtiments reprennent l’implantation précédente mais présentent des volumétries majeures ; le bâtiment plus au sud est plus modeste pour ne pas créer un obstacle excessif à la vue des édifices en amont et reprendre les échelles du quartier. Le concept architectural est au service du projet social que nous avons voulu soutenir. L’idée est celle de favoriser la rencontre entre résidents et leur offrir des espaces communs de qualité. A telle fin la parcelle s’offre à être traversée par des parcours publics qui facilitent la descente des habitants du quartier vers le lac.
Au cœur des trois volumes nous avons dessiné une esplanade, longue terrasse minérale facilement connectée aux abords, et conçue comme centre d’activités et d’échange. Inversement à la typologie courante sur le Littoral qui relègue les entrées des immeubles côté Nord, c’est dans cet espace public donc au Sud que se trouvent les accès aux appartements de la rue Paul Bouvier. Aux rez-de-chaussée des deux bâtiments, à la place d’appartements supplémentaires avec jardin privatif, se trouvent, en relation directe avec la terrasse, les surfaces communautaires tel que les locaux vélos, une salle commune, un atelier, et les buanderies avec vue sur le lac.
Une pergola avec table suspendue, une piste de pétanque et une aire de jeux complètent les équipements de ce balcon partagé. Que peu de mètres carrés de la surface de la parcelle est dédiée à la circulation des voitures qui trouvent ensuite la possibilité de parquer au-dessous de cette esplanade. En signe d’hommage à l’origine du quartier, l’architecture de ces constructions reprend le langage industriel qui est de plus un des éléments identitaires de Monruz ; les dimensions des fenêtres, les proportions des masses, les éléments tels que corniches et tablettes font référence à un univers qui est partagé avec celui de l’ancienne FAVAG. Par contre dans la composition, le jeu ici mis en place est celui d’un déréglage de l’ordre originel : un vent de liberté (comme celui d’une génération nouvelle) bouge les formes avec l’intention de mettre en avant la diversité des situations et la personnalisation des espaces.
Résultat : il n’y a pas deux appartements identiques, chaque séjour prend la lumière naturelle de façon différente ; les balcons glissent sur l’horizontale, et tel des nuages ils dessinent un ciel d’un moment précis irrépétible.