Concours
Maître d’ouvrage : Confédération suisse
Lieu : Beijing
Projet : 2018
Surface de plancher : 3’180 m2
Volume : 12’780 m3
Paysagistes : Kesküla & Erard
Flux/Programme
La nouvelle ambassade suisse à Beijing est conçue comme un véritable « siheyuan » ; elle est un système de cours qui se succèdent, avec différents degrés de privacité/sécurité, que l’on chemine à la façon d’un parcours initiatique. Les visiteurs et les collaborateurs peuvent découvrir les parties distinctes de l’ambassade succinctement, selon le but de leur venu, en expérimentant comme à la cité interdite une ascension à travers plusieurs milieux. La première cour, où l’on trouve la guérite du gardien, le Suisse Tourisme, et la salle d’attente pour la chancellerie, est un espace ouvert au public, minéral et lumineux, avec un bassin rafraichissant. On y entrevoit, à travers un claustra de bois qui peut s’ouvrir, une autre cour : la semi-publique, qui se dilate en un grand jardin où des évènements ont lieu durant une grande partie de l’année. Une troisième cour se cache à l’Ouest de la parcelle : la cour privative des bureaux des collaborateurs, verdoyante et encerclée de bambous, elle est le jardin secret de l’ambassade. Les espaces extérieurs se relient entre eux sous le bâtiment, dans un espace qui rappelle les arcades de Berne.
Coupe ventilation
Afin d’obtenir un air confortable et limiter la pollution, une solution simple et naturelle anime le projet. Le bassin dans la cour centrale attire l’air chaud, grâce à un rez-de-chaussée très perméable, et remonte au centre avec un effet de cheminée qui le rafraichit. Des ouvrants du bâtiment se trouve dans la ceinture de la cour à l’étage afin de contrôler la température et la qualité de l’air, alors que les vitres à l’extérieur du bâtiment sont fixes. Des plantes qui filtrent l’eau, et d’autre qui filtrent l’air poussent dans le bassin afin de limiter la pollution de manière naturelle.
Plein-vide
Le nouveau bâtiment se lie comme une inversion de la masse et du vide. En effet, les cours ont des proportions nobles et le bâti s’adapte entre les espaces extérieurs pour le consolider. Alors que la maison de l’ambassadeur et ses alentours (la partie nord de la parcelle qui reste comme elle avait été conçue dans les années 70) est un plein au milieu du vide, comme dans l’architecture classique occidentale. Il y a donc dans la parcelle deux manières opposées de construire qui se font face et qui s’enrichisse mutuellement. En partageant des proportions presque similaires, elles sont l’une le contraire de l’autre, une plein-vide et une vide-plein, le yin et le yang.
Végétation – cours à thème
Chaque cour à une identité propre. Celle-ci se manifeste par sa matérialité, sa végétation, ses proportions et sa fonction. Elles s’inspirent des aménagements du quartier, très verdoyants, et respectent la végétation autochtone.
Une première cour allongée accueil le visiteur, comme dans un siheyuan, au Sud de la parcelle. D’un côté le mur de brique existant se tient, et de l’autre on peut continuer la visite vers la cour publique. Elle est revêtue de béton clair et abrite un grand bassin avec système BioPool (sans chimie). Dans ce bassin on trouve deux îles recouvertes de gravier et de plantes nécessaires à la dépollution l’eau et de l’air (iris pseudacorus, mentha acquatica, lythrum salicaria, cyperus longus). Le public est accueilli dans une ambiance calme et l’air de la cour est frais. La diagonale formée par les deux îles se prolonge en direction Nord-Ouest : si notre regard la suit on voit à travers un claustra amovible la cour des fêtes. Elle est le prolongement de la salle de représentation et offre 1200 m2 pour les évènements. Des zones vertes de formes libres côtoie des pavements minéraux présentant ainsi une grande flexibilité d’emploi, et des arbres (pins de Chine et Savonniers) offrent de l’ombre et de la protection. En avant au Nord, en prolongement de ce vaste espace vert, un petit jardin plus privé prend place entre la serre et la résidence de l’ambassadeur, avec des arbres fruitiers.
A l’Ouest de la parcelle se trouve une cour plus minérale : elle sert de circulation semi-privé pour les invités, et de chemin pour les véhicules. Elle est parsemée d’arbres (frênes de Chine dont certains existants) qui adoucisse l’impacte des voitures. A l’Est, les collaborateurs profitent eux d’un jardin secret : une cour verte avec deux grands Celtis sinensis, structurée par un parterre de bambou ou l’on peut s’asseoir.
Matériaux
La matérialité du projet s’inspire des paysages helvétiques. Les dalles saillantes de béton sont les roches des Alpes, leur minéralité suggère protection et solidité. Le bois des bardages du rez-de-chaussée et des parois à l’intérieur sont les arbres des forêts suisses, suggérant accueil et chaleur, comme dans les habitations traditionnelles. Les verres qui constituent les façades rappellent l’eau des nombreux lacs et glacier de la Suisse, éléments fluides et transparent du projet qui transmettent l’ouverture du pays.