Maître de l’ouvrage : SIAT Immobilien AG
Lieu : Neuchâtel
Projet et réalisation : 2016-2024
SPBU : 4’192 m2
Volume : 16’511 m3
Photos : Reto Duriet
Le bâtiment d’origine est un immeuble locatif construit en 1935. Posé sur les premières pentes qui naissent à partir du faubourg de l’Hôpital, la bâtisse se fait remarquer par ses proportions exceptionnelles. Jugé par le passé trop long et trop haut, autant qu’il est évalué en deuxième catégorie par le recensement cantonal, la construction présente elle seule les dimensions d’un entier pâté de maison.
Positionné dans une constellation de bâtiments historiques et remarquables qui marquent le faubourg comme le Palais du Peyrou et la Villa Castellane et situé dans l’axe de l’ensemble de la Grande Rochette dont il endigue les vignes, l’immeuble semble défier ce contexte aux allures essentiellement XVIIIème siècle. Jeune dans la cour des « Grands », le locatif s’érige avec un certain héroïsme révolutionnaire. Proposant l’habitation collective à coté des demeures nobiliaires et des Hotels bourgeois, il incarne bien les idéaux urbanistiques des années trente ; son architecture rappelle d’ailleurs les typologies des établissements hospitalier ou des sanatoriums. Tel un David contre Goliath, notamment dans la version sculptée par Michel-Ange à Florence, l’opprimé deviens géant : les classes sociales moins privilégiées s’installent et profitent d’une des plus belles vues qui soit à Neuchâtel : surplombant la vieille ville, embrassant le convoité lac et dominant à l’arrière les vignes de la colline. XX familles peuvent habiter la ville en se libérant de l’impératif de la voiture et bénéficient d’un environnement exceptionnellement calme et vert.
Le concept architectural de la transformation veut renforcer et clarifier cette attitude affirmant le volume et augmentant le nombre des appartements. L’intervention prévoit la réutilisation des combles des deux ailes et une légère surélévation du corps central afin d’intégrer des nouveaux appartements avec patio et des terrasses. Les chambres secondaires du rez-de-chaussée ont été regroupées à l’avantage de quelques unités de location. L’ensemble des logements a été transformé avec l’intention d’intégrer les cuisines dans des espaces séjour à caractère plus ouvert, apporter une certaine générosité dans les distributions et les pièces d’eau et revoir globalement le concept énergétique.
A l’extérieur une modification du profil de la pente a permis d’améliorer le rapport de la façade nord avec la colline et de convertir le petit chemin qui longeait le bâtiment en véritable parcours paysager qui relie les habitants aux jardins et à la partie haute de la ville. Au sud la création d’un nouveau parking enterré pour dix voitures et pour de nombreux vélos aide à définir des terrasses d’accès aux entrées de l’immeuble ; une série de petits jardins privatifs adouci l’approche.
La composition architecturale de type classique avec corps central, ailes latérales, étage de socle et étage d’attique, moulures en pierre d’Hauterive et symétrie générale accentue la monumentalité des volumes ; raison pour laquelle nous avons opter pour une toiture agitée par des lucarnes et pour une matérialité en zinc qui, s’accordant à la nouvelle teinte de façades, confère légèreté à l’ensemble et augmente le contraste avec les demeures voisines bravées.