Maître de l’ouvrage : Caisse de secours pour la Famille De Coulon (Fondation De Coulon)
Lieu : Auvernier
Projet et réalisation : 2010-2012
Surface : 1’000 m2
Photos : Thomas Jantscher
Un néoclassicisme réanimé.
Le faubourg de l’hôpital est probablement la plus belle rue de Neuchâtel. Le long de cette artère, tout au long du XVIII et XIX siècles, les familles les plus riches de la ville rivalisèrent à bâtir la maison la plus élégante. Le faubourg, parcours sinueux au pied de la colline, représentait la nouvelle zone d’expansion pour une ville qui s’ouvrait, libérée de ses remparts.
Au n° 14 se démarque la façade tout en pierre jaune d’Hauterive d’une demeure construite entre 1812 et 1814 pour la famille de Coulon qui, aujourd’hui encore, en est la propriétaire. Si la construction ne présente pas de dimensions aussi amples que certaines de ces voisines, elle se caractérise par son néoclassicisme un peu italien avec ses trois ouvertures en arc plein centre et ses corniches à denticules très marquées.
Après des années de report de travaux de manutention, il s’avérait nécessaire une intervention qui puisse redonner splendeur à ces pierres tout en restant une opération financièrement soutenable.
Le projet de rénovation proposé par les architectes a permis d’aménager un local commercial au rez-de-chaussée, un appartement par étages (entresol, 1er étage et 2ème étage) et de créer un duplex dans les combles.
Pour rendre indépendant les étages, et donc les appartements, a été inséré à chaque niveau un nouveau module compact intégrant le vestiaire d’entrée, la salle de bain-buanderie, l’équipement de cuisine ainsi que les gaines techniques nécessaires ; le tout en 10 m2 positionné en colonne dans la partie médiane du plan et appuyé à l’Est. Ce dispositif prétend se démarquer comme concentration de l’intervention contemporaine, en laissant le reste des pièces dans leur configuration d’origine. Le bloc s’adapte à chaque hauteur, il se compresse jusqu’à 2 mètres dans l’entresol et se dilate à 4 mètres au premier.
En respectant la typologie d’origine du bâtiment, les séjours ont été positionnés au nord, signifiant l’importance de la rue. La généreuse cage d’escalier située inhabituellement au Sud, occupant un bon cinquième du plan, a été restaurée, libérée d’une coursive ajoutée par la suite, et mise aux normes avec le doublage des barres de la balustrade. L’intense couleur violette utilisée dans les parois de la cage lui confère une nouvelle habitabilité, souligne par contraste les nombreuses ouvertures et rééquilibre la perception spatiale d’un si grand volume.
La création de l’appartement en duplex dans les combles a été possible grâce à l’insertion de six lucarnes au profil affiné. L’espace interne s’organise autour de deux colonnes de cheminée existantes ; le double volume ouvert au centre permet de les mettre en évidence et de faire monter un escalier tandis que la lumière du Sud entre au milieu de l’espace.
Au premier étage, dans le grand salon qui occupe toute la largeur du bâtiment, a été posé un meuble en position légèrement décentrée. Comme dans un « loft néoclassique », la nouvelle menuiserie concentre paroi de séparation, bibliothèque, armoire, tête de lit, lustre et tiroirs ; avec respect elle dialogue avec les vieilles boiseries restaurées, se fond dans l’image réfléchie des anciens miroirs.